Utilisés pour combattre la fatigue, stimuler la mémoire, préparer sa peau au soleil ou booster ses défenses immunitaires, les compléments alimentaires séduisent près d’un Américain sur 2 et d’une Française sur 4. Or, excéder la dose journalière recommandée augmente le risque de développer un cancer, selon une étude américaine.
Selon une étude récente, le béta-carotène, un anti-oxydant utilisé dans les compléments alimentaires, augmente de 18 % (en Finlande) et de 28 % (aux Etats-Unis), le risque de cancer du poumon.
Une étude menée pendant 20 ans
Les compléments alimentaires se sont considérablement développés et diversifiés ces dernières années. Ils sont essentiellement composés de
vitamines, minéraux, oligo-éléments, protéines ou acides gras aminés, de plantes (ou préparations de plantes) et d’excipients. Mais sont-ils vraiment sans risque pour la santé ? Pour le savoir, Tim Byersn, expert de la prévention des
cancers et chercheur à l’université du Colorado, a mené un travail d’équipe sur le sujet pendant plus de 20 ans.
Partant du constat que les vitamines, oligo-éléments, fibres et nutriments présents dans les fruits et légumes protégeaient du cancer s’ils étaient consommés régulièrement, Tim Byers et son équipe ont donc voulu savoir s’il en était de même avec les compléments alimentaires qui contiennent des substances similaires.Le béta-carotène augmente le risque de cancer du poumonPendant plusieurs années, des milliers de volontaires ont consommé des compléments alimentaires tandis que d’autres avaient des placebos. L’équipe a mené plusieurs essais cliniques au hasard en Finlande et aux États-Unis. Les résultats, présentés lors du congrès annuel de l’Américan Association for Cancer Research, indiquent qu’une consommation excessive de
compléments alimentaires augmente le risque de cancer.En effet, les chercheurs ont observé que le
béta-carotène, un anti-oxydant utilisé dans ces produits, augmentait de 18 % (en Finlande) et de 28 % (aux Etats-Unis), le risque de
cancer du poumon.
Tim Byers se réfère également à d’autres travaux qui vont dans le même sens et indiquent que la vitamine E accroissait de 17 % le risque de
cancer de la prostate et le sélénium portait à 25 % le risque de développer un
cancer de la peau.
“Lorsque nous avons d’abord testé les compléments alimentaires chez les animaux, les résultats étaient prometteurs, explique l’auteur de cette étude. Mais une fois les données observées sur les humains, les conclusions n’étaient pas celles attendues.“Ne pas prendre plusieurs compléments alimentaires en même temps“Les personnes qui consomment plus de compléments alimentaires qu’ils ne le devraient ont tendance à avoir un risque plus élevé de cancer“, conclue le chercheur qui se veut pourtant rassurant. Minéraux et vitamines pris à un dosage correct ne présentent aucun risque et l’apport de multivitamines peut être bénéfique, à condition qu’il ne se substitue pas à une
alimentation saine et équilibrée.Pour éviter tout risque de surdosage, le ministère français de la Santé et des Affaires sociales
rappelle qu’il convient de ne pas prendre plusieurs compléments alimentaires en même temps et de respecter la posologie indiquée sur l’étiquette du produit.L’absorption simultanée de plusieurs produits apportant des ingrédients similaires (compléments alimentaires et aliments enrichis) n’est pas recommandée. En effet, si vous prenez un mélange de vitamines en comprimé et que vous consommez en même temps des produits laitiers enrichis en
vitamines D, de la margarine enrichie en
vitamine A et du jus d’orange enrichi en
vitamine C, il est probable que vous soyez en surdosage. Avec à la clé des risques accrus, notamment chez les seniors : par exemple, une consommation supérieure à 1 g par jour de vitamine C peut entraîner a fortiori calculs rénaux, maux d’estomac ou diarrhées.A qui s’adressent les compléments alimentaires ?
Quelques conseils avant d’opter pour les compléments alimentairesLa principale démarche est de faire le point avec un professionnel de santé (diététicien- nutritionniste ou votre médecin traitant) pour évaluer vos habitudes alimentaires et votre hygiène de vie. Dans le cadre d’un déséquilibre, la mise en place d’un protocole micro-nutritionnel personnalisé avec un thérapeute spécialisé pourra être envisagée en plus d’une alimentation équilibrée et diversifiée. Dans tous les cas, si vous investissez dans des compléments alimentaires, privilégiez ceux recommandés par votre médecin et provenant d’un laboratoire respectant la réglementation française.Avec AFP/RelaxnewsSource : Dietary Supplements and Cancer Prevention: Balancing Potential Benefits Against Proven Harms, Maria Elena Martinez and al, 25 avril 2015, Journal of the National Cancer Institute (
disponible en ligne).