“C’est comme une soirée normale, sauf que le mec sur qui tu flashes n’est pas en couple. Julie, 33 ans“. Le message de la campagne d’affichage du site de rencontre Meetic résume le besoin de revenir au réel des communautés nées sur internet ou les réseaux sociaux. Un phénomène qui ne touche pas que les sites de rencontres.
Le besoin de réel envahit les communautés virtuelles.
De la rencontre virtuelle à la drague réelleMi-janvier, dans un bar à cocktails, près de Bastille. Quelque 150 personnes se pressent au sous-sol vers 20H00. En descendant l’escalier, les nouveaux arrivants jaugent l’assistance du regard. Des hommes et des femmes, équitablement répartis, âgés de 25 à 35 ans. À première vue, une soirée normale, sauf que tous sont célibataires.“C’est bien de voir la personne, ça fait gagner du temps. Derrière un écran, on ne sait pas vraiment qui il y a“, témoigne Aude, 34 ans, qui assiste à sa deuxième soirée Meetic, un mojito à la main. “Derrière l’ordinateur, on se base souvent sur l’apparence physique à travers la photo. En vrai, le feeling peut passer plus facilement“, renchérit Dan, 30 ans, accoudé un peu plus loin.Meetic, le site de rencontre créé en 2001, a lancé récemment ces soirées qui se veulent une “extension naturelle“ de son service proposé sur internet, mais aussi une façon de recruter des abonnés.“On oppose pas le réel à internet, les deux se rejoignent et se complètent“, explique à l’AFP Jessica Delpirou, directrice de Meetic France, qui organise une cinquantaine de ces soirées gratuites par mois dans une quarantaine de villes en France.“Derrière, il y a un gros travail de +profiling+ et d’analytique pour avoir la population souhaitée et que les gens aient des choses à se dire“, détaille-t-elle.À l’autre bout du spectre de ces soirées grand public, le phénomène des “barcamps“, ces ateliers participatifs nés en 2005 dans la Silicon Valley, a rapidement conquis les plus connectés en France.Un besoin de revenir au réelMediascamp, ruralcamp, vinocamp, greencamp, archicamp…ces évènements réunissent les passionnés et les professionnels des nouvelles technologies, qui ne se sont souvent jamais vus en vrai, pour des séries d’ateliers autour d’un thème, explique à l’AFP Grégoire Japiot, un des promoteurs du concept en France.Toujours gratuit, ouvert à tous, le barcamp a aussi la particularité de mettre les participants au même niveau (pas de distinction conférenciers/auditeurs) et de ne pas avoir de programme établi à l’avance : les sujets sont décidés le jour même, faisant ainsi écho au web participatif 2.0, précise ce consultant social média chez Knowledge Expert auteur d’un article détaillé sur les barcamps disponible sur vinocamp.fr/blog.Au départ, ce besoin de revenir au réel, “concernait plutôt les geeks“, analyse David Fayon, coauteur avec Christine Balagué de “Facebook, Twitter et les autres“ et “Réseaux sociaux et entreprise : les bonnes pratiques“.“Avec la connaissance grandissante des réseaux sociaux, il y a une volonté de prolonger une communauté par des évènements physiques. Ça permet de renforcer les liens de la communauté virtuelle“, ajoute-t-il.“Réaliser que l’on a besoin des deux mondes, le virtuel et le réel, et que les deux sont complémentaires, c’est un progrès de la conscience collective. Ça montre qu’il y a un plus grand niveau de maturité dans l’usage des réseaux sociaux“, conclut-il tout en prévenant : “le fait de briser la glace, de passer à la vie réelle,
ça peut être déceptif“.Autre déclinaison, propre aux réseaux sociaux, les “Twit apéros“ ou “apéros Facebook“, organisés par affinités professionnelles.Matteu Maestracci, reporter à France Info, organise les soirées “Chez Raymonde“ qui réunissent plusieurs dizaines de “journalistes, des twittos et des potes divers“.“Ca permet de se rencontrer en vrai, sans a priori, et d’échanger avec des gens qu’on connaît surtout online, parfois même sans savoir à quoi ils ressemblent! Parce que, jusqu’à preuve du contraire, il reste encore difficile de boire un coup et rire à plusieurs seul devant son ordi, d’où ce retour au réel indispensable“, explique Matteu Maestracci à l’AFP.AFP/RelaxnewsPhoto : ©Diego Cervo/shutterstock.com