La mortalité prématurée, avant 65ans, par maladies cardiovasculaires est loin d’être homogène en France, selon une étude de l’Institut de veille sanitaire qui pointe de fortes disparités régionales, avec une surmortalité dans les régions Nord-Pas-de-Calais, Haute-Normandie et Picardie.
Le Nord-Pas-de-Calais et les DOM présentent une très forte surmortalité prématurée par maladies cardiovasculaires.
Maladies cardiovasculaires : la 3ème cause de mortalité prématuréeAvec 15 000 décès par an, les maladies cardiovasculaires représentent la 3ème cause de mortalité prématurée en France. En cause, des comportements individuels défavorables à la santé, comme les mauvaises habitudes alimentaires et la sédentarité, que ne compensent pas suffisamment la qualité de notre système de soins. Depuis le début des années 80 cependant, cette mortalité diminue de manière régulière, de près de 40 % au total. Mais elle reste encore très importante dans certaines régions marquées par un contexte socio-économique défavorable.Les auteurs de l’étude se sont servis des données extraites des bases sur les causes médicales de décès du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc-Inserm) pour les années 2000 à 2010. Ils ont examiné l’ensemble des décès survenus sur cette période pour chaque maladie cardiovasculaire : cardiopathie ischémique,
maladie cérébrovasculaire,
insuffisance cardiaque et
embolie pulmonaire.Les régions touchées par l’obésité également touchées par la surmortalité prématuréeEn 2008-2010, la mortalité prématurée par
maladie cardiovasculaire représentait 10 % de l’ensemble des décès d’origine cardiovasculaire, avec cependant des variations selon les maladies et selon le sexe – les hommes étant 3 fois plus touchés que les femmes, mais avec là aussi, des variations selon les maladies. Avant 65 ans, les hommes étaient ainsi près de 6 fois plus nombreux à mourir d’une maladie ischémique que les femmes, tandis qu’ils étaient “seulement“ 1,5 fois plus nombreux à mourir d’une embolie pulmonaire.Les auteurs observent surtout des disparités régionales, avec une surmortalité prématurée par maladies cardiovasculaires dans les régions Nord-Pas-de-Calais, Haute-Normandie et Picardie, régions qui présentent également une prévalence élevée de l’obésité. A l’inverse, Rhône-Alpes, Ile-de-France, Pays de la Loire et Midi-Pyrénées, où les taux d’obésité sont les plus faibles, semblent épargnés.Surmortalité prématurée dans les DOM, sauf pour les cardiopathies ischémiquesDans le détail, il existe également une hétérogénéité régionale entre les maladies à l’origine de la mortalité prématurée : la Bretagne, le Poitou-Charentes et le Limousin, par exemple, sont globalement épargnées, sauf pour les maladies cérébrovasculaires qui provoquent dans ces régions une surmortalité prématurée de 12 à 25 % par rapport à la moyenne nationale. Même constat pour l’Alsace et la Bourgogne, plutôt dans la moyenne au global, qui se distinguent par une surmortalité liée à l’embolie pulmonaire. A l’inverse, la Corse et la région PACA sont bien moins touchées par cette pathologie.Les DOM, quant à eux, présentent une surmortalité prématurée pour pratiquement toutes les maladies cardiovasculaires, à l’exception des cardiopathies ischémiques qui épargnent la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane (mais pas la Réunion où elle atteint près de 90 %).Diminution de la mortalité prématurée par maladies cardiovasculaires entre 2000 et 2010Les auteurs se sont intéressés à l’évolution de cette mortalité entre 2000-2002 et 2008-2010, et constatent une diminution importante au niveau national, de 27,1 % pour l’ensemble des maladies. Mais là encore, des différences notables existent entre les régions, avec de très fortes baisses en Rhône-Alpes et Alsace, quand l’Auvergne, la Basse-Normandie, la Bourgogne, la Corse, la Franche-Comté et Poitou-Charentes n’enregistrent aucune évolution pour les maladies cérébrovasculaire, et la Champagne-Ardenne, la Corse, la Franche-Comté et Poitou-Charentes aucune pour l’insuffisance cardiaque.Même hétérogénéité concernant la mortalité prématurée liée à l’embolie pulmonaire, qui a baissé nettement dans les régions Corse, Centre, Bourgogne, Midi-Pyrénées et Limousin, tandis qu’elle explosait en Guyane (+125 %).Des disparités régionales liées à des différences de facteurs de risquePour les chercheurs, les disparités régionales observées sont liés à des différences d’exposition aux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires (
tabac, âge, niveau de revenu,
hypertension artérielle,
diabète,
obésité,
alcool…) et des différences d’offre de soins, donc de la qualité de prise en charge. La mortalité prématurée par maladies cardiovasculaires est fortement liée au taux d’obésité, au taux de bénéficiaires de la CMUc (traduisant un contexte socio-économique difficile), mais, étonnamment, pas à la consommation de tabac et d’alcool.Compte-tenu de ces résultats, ils estiment que “des efforts supplémentaires de prévention primaire nécessitent d’être portés dans les régions les plus touchées afin de réduire les inégalités territoriales de mortalité prématurée par pathologie cardiovasculaire“.Amélie PelletierSource : Disparités régionales de la mortalité prématurée par maladie cardiovasculaire en France (2008-2010) et évolutions depuis 2000-2002, Amélie Gabet, Agathe Lamarche-Vadel, Francis Chin et Valérie Olié, Institut de veille sanitaire, 23 septembre 2014.Click Here: geelong cats guernsey 2019