Comme Johnny Hallyday et Bruce Willis, ces stars ont trouvé dans leur paternité tardive un nouvel équilibre et une seconde jeunesse. Rien de tel que de pouponner pour faire le plein d’énergie. Et de tendresse…
C’est Emma Heming Willis qui a inventé le mot tandis qu’elle était enceinte. Depuis une plage des caraïbes, l’année dernière, la jeune actrice a posté sur Instagram une photo de son ventre arrondi et une autre de son mari jouant au cerf-volant comme un gamin. En légende, elle avait inscrit: « Nous fêtons notre babymoon ». Et voilà comment quelques mois plus tard, sourire aux anges, Bruce Willis est devenu papa de sa cinquième fille. Grand bien lui fasse. A cinquante-neuf ans, celui qui a sauvé le monde un nombre incalculable de fois n’a jamais semblé autant dans le coup. Le genre du type solide et très proche de sa tribu de femmes, ému aux larmes un soir de première lorsque son ainé, Rumer (vingt-cinq ans) reçoit un Award, mais bon pied bon œil le lendemain matin au moment de conduire ses deux dernières à la maternelle. Par le passé, on aurait soupiré « le pauvre ». A Hollywood, il n’y avait guère eu que Charlie Chaplin ou Humphrey Bogart qui avaient osé outrepasser le tabou, qui proscrivait sous peine de ridicule à un homme de se reproduire sur le tard. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Qu’une star masculine dans la cinquantaine annonce ou affiche une paternité au long cours et c’est l’ensemble de la toile qui gazouille d’empathie. Les exemples sont nombreux.
Il y a Mick Jagger qui, à soixante-douze ans, pose avec ses sept enfants dont le dernier n’en a que seize ; et Rod Stewart qui coiffe son rival sur le berceau: soixante-dix ans, et huit marmots – son dernier a tout juste soufflé ses quatre bougies. Il y a Alec Baldwin 57 ans, tenant dans ses gros doigts les petites mains de Raphaël, son dernier qui a pointé le bout de sa frimousse au début de cette année. Voire Billy Joël, qui, à soixante-six ans bien tassés, a remis le couvert pour Della Rose, sa fille de deux mois.
« Chez les célébrités, ces naissances donnent un sens encore plus important à leur vie, un nouvel élan », observe Jean Le Camus, psychologue spécialiste de la paternité. « Etre père à cinquante ans, c’est pour elles un défi permanent, qui les oblige à rester en forme et ouvertes sur le monde. » L’effet est puissant, saisissant, enivrant. A court terme, évidemment. « Quand Alec a su qu’il allait avoir un fils, se souvient Alicia Baldwin, il était tellement excité qu’il s’est promené avec un ballon de football pendant toute la soirée qui a suivie. » A plus long terme, la métamorphose peut être carrément miraculeuse. Johnny Hallyday avait soixante et un ans au moment d’adopter Jade puis Joy, ses deux fillettes vietnamiennes. Avec ses deux premiers, David et Laura, le rocker s’était montré peu présent. Il a rectifié le tir magistralement. « Aujourd’hui, je m’occupe des petites. Elles me rendent plus fort, c’est certain. Chaque matin, lorsqu’elles se jettent dans mes bras, m’embrassent et me disent “Bonjour papa”, j’ai un pincement au cœur. Je n’ai pas eu la chance de vivre ça avec mes aînés, c’est donc nouveau et essentiel. »
Rien d’égoïste pourtant chez ces pères qui, n’ayant plus rien à prouver, peuvent se consacrer au moins autant à leur famille qu’à leur carrière. Pour une star dans la cinquantaine, avoir un enfant, c’est presque toujours satisfaire au désir pressant d’une compagne beaucoup plus jeune et forcément très sexy. Les mauvaises langues y verront là un moyen de la garder auprès d’eux. C’est parfois vrai. Quoique, en règle générale, il s’agit plutôt de lui témoigner son amour, de répondre à son désir d’être mère, de souder son couple et de fonder un foyer solide, épanouissant.
« Autant son énergie est galvanisante, presque brutale en public. Autant il est sentimental et doux en famille », raconte Carla Bruni à propos de Nicolas Sarkozy et de leur fille Giulia, quatre ans. Pareil pour Jean Reno avec Dean, le bambin qu’il a eu, avec Zofia Borucka, en 2011, à l’âge de soixante-trois ans. Le temps qui passe est d’autant moins un problème aujourd’hui que, sur le plan médical, il est désormais possible de procréer de mille et une manières. Par crainte de devenir stérile après ses chimiothérapies, René Angélil atteint d’un cancer a pris la décision de faire congeler ses spermatozoïdes afin que son épouse, Céline Dion, puisse finalement être mère de trois garçons: René Charles, en 2001 ; puis Eddy et Nelson, neuf ans plus tard, alors que le producteur était âgé de soixante-huit ans. Robert De Niro, au même âge, a eu recours à une mère porteuse pour redécouvrir les joies de la paternité main dans la main de sa dernière épouse, Grace Hightower. Encore s’agit-il d’exemples extrêmes qu’il convient de commenter avec modération. « Voir son père vieillir et disparaître peut être une source d’angoisse pour l’enfant », prévient Jean Le Camus. Valentin, ce fils qui n’avait que trois ans à la mort de son célèbre père, témoigne: « J’aurais mille fois préféré avoir un père anonyme, mais présent, plutôt qu’un Yves Montand absent… »
Par Laurent Del Bono