Dans un communiqué du 30 mars, l’ANSM explique qu’en aucun cas l’hydroxychloroquine (Plaquénil®) et l’association lopinavir/ritonavir (Kaletra®), médicaments pouvant être dispensés aux patients hospitalisés pour une infection au coronavirus, ne doivent être pris en automédication ou prescrits par un médecin de ville. Une trentaine d’effets indésirables graves dont trois décès auraient déjà été signalés.
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Gare aux fausses bonnes idées. Depuis que certains chercheurs ont vanté l’efficacité de
l’hydroxychloroquine, molécule utilisée pour traiter la
polyarthrite rhumatoïde notamment, dans le
traitement du CoVid-19, les ventes de
Plaquénil® auraient considérablement augmenté. Mais l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rappelle que l’hydroxychloroquine, au même titre que l’association d’antiviraux
lopinavir/ritonavir (
Kaletra® et générique), ne doit être utilisée qu’à l’hôpital, ses effets indésirables pouvant être graves.
Des médicaments prescrits “à titre exceptionnel”, uniquement aux patients hospitalisésA l’heure actuelle, plusieurs molécules sont testées pour traiter l’infection au nouveau coronavirus, certaines en dehors des essais cliniques. C’est le cas de la colchicine, du tocilizumab, de l’azithromycine, du lopinavir/ritonavir, de la chloroquine et de l’hydroxycholoroquine. “Conformément à l’
avis du Haut conseil de santé publique du 24/03/2020 (HCSP) et au
décret du 25 mars 2020, le recours à ces médicaments peut s’envisager à titre exceptionnel et uniquement dans le cadre d’une prescription et d’une dispensation aux patients hospitalisés”, explique l’ANSM.Des utilisations en ville, non sans danger, signaléesOr, “des informations recueillies par les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) font état d’utilisation de l’hydroxychloroquine, seule ou en association, en ville”. Non sans danger : “Nous alertons les professionnels de santé et les patients sur les risques connus liés à l’utilisation de ces médicaments, dont le risque cardiaque, qui, sans suivi médical approprié, peuvent conduire à une hospitalisation”. Interviewé par l’AFP, Dominique Martin, directeur général de l’ANSM, a déclaré qu’une trentaine d’effets indésirables graves dont trois décès potentiellement liés à l’utilisation de Plaquénil® mais aussi d’autres médicaments comme le Kaletra® ont été signalés chez des patients atteints du CoVid-19, principalement à l’hôpital. Dans un communiqué du 29 mars, l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine alertait également de “cas de toxicité cardiaque suite à des prises en automédication de Plaquénil® (hydroxychloroquine) face à des symptômes évocateurs du Covid-19, ayant parfois nécessité une hospitalisation en réanimation”. L’ANSM appelle “à la responsabilité de chacun pour éviter des hospitalisations inutiles”Ces cas sont “en cours d’analyse” pour déterminer le rôle des traitements dans la survenue de ces accidents. L’ANSM explique qu’ “en aucun cas ces médicaments ne doivent être utilisés ni en automédication, ni sur prescription d’un médecin de ville, ni en auto-prescription d’un médecin pour lui-même, pour le traitement du CoVid-19. […] Nous rappelons qu’à ce jour, aucun médicament n’a apporté la preuve formelle de son efficacité dans le traitement ou la prévention de la maladie CoVid-19”. L’Agence appelle ainsi “à la responsabilité de chacun pour éviter des hospitalisations inutiles consécutives à un mésusage de ces médicaments et permettre aux soignants de prendre en charge les malades CoViD-19 dans les meilleures conditions. En lien avec le réseau des centres régionaux de pharmacovigilance partout en France, nous surveillons de manière rapprochée les cas d’effets indésirables qui peuvent nous être rapportés.” Patients et professionnels de santé sont invités à “signaler tout effet indésirable observé dans le cadre du recours exceptionnel à ces médicaments” à partir du portail
signalement-sante.gouv.fr.Pour le Plaquénil® et le Kaletra®, un protocole d’utilisation thérapeutique à l’attention des professionnels de santé hospitaliers et une fiche d’information à l’attention des patients concernés et de leur entourage ont été élaborés “afin d’accompagner les soignants dans la prise en charge à l’hôpital des patients présentant une maladie COVID-19 qui ne sont pas inclus dans les essais cliniques. Ces documents précisent le rationnel d’utilisation de ces traitements dans le cadre de la maladie COVID-19, informent sur les données disponibles et rappellent le bon usage de ces médicaments (posologie, contre-indications, risques…)”.