Les pharmacies françaises se dotent progressivement d’un logiciel informatique inédit pour mieux gérer les ruptures d’approvisionnement de médicaments, un phénomène en progression depuis dix ans et qui peut avoir des répercussions graves pour les malades, a annoncé jeudi l’Ordre des pharmaciens.
Les ruptures d'approvisionnement, qui affectent aussi bien les pharmacies que les hôpitaux, sont devenues “un enjeu de santé publique“, estiment les pharmaciens
Eviter les ruptures de stocks de médicamentsLes conséquences des ruptures de stock de médicaments peuvent être graves, surtout lorsqu’il n’est pas possible de remplacer le médicament manquant par d’autres molécules similaires. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’a été votée la loi du 28 septembre 2012, qui oblige tous les acteurs de la chaîne du médicament à réagir en cas de rupture d’approvisionnement. Cette loi précise que les exploitants (laboratoires pharmaceutiques, NDR) sont obligés de déclarer immédiatement toute rupture réelle ou envisagée à l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et de produits de santé) et aux ARS (Agences régionales de santé) concernées.Ils doivent également présenter aux autorités un rapport trimestriel indiquant tout problème d’approvisionnement dans les trois derniers mois. Les grossistes et répartiteurs sont également tenus de couvrir en priorité le marché français avant toute exportation, de signaler tout problème de rupture de stock aux autorités et d’assurer des astreintes le week-end afin de pouvoir approvisionner les pharmacies hospitalières et de ville dans un délai maximum de 8 heures. Bien sûr, les pharmaciens sont aussi tenus de signaler tout problème de stock et sont d’ailleurs le plus souvent la source des informations et d’alertes. Ils seront aidés en cela par un nouveau logiciel.Un nouveau logiciel pour anticiper les ruptures de stocksAu bout de 72 heures, l’outil, baptisé
DP-Ruptures (DP pour dossier pharmaceutique), signale automatiquement à l’industriel le ou les médicaments manquants, a expliqué Isabelle Adenot, sa présidente lors d’une conférence de presse. “Trois mille pharmacies sur les 22.000 que compte la France métropolitaine et Outre-Mer ont déjà adopté ce logiciel. Fin 2016, ce sont 15.000 à 16.000 pharmacies qui utiliseront cet outil“, a-t-elle précisé.Le DP-ruptures est “sans équivalent dans d’autres pays“, selon l’Ordre des pharmaciens.Sa présidente a cité l’exemple de l’île de la Réunion où une épidémie de conjonctivite a commencé à sévir fin février 2015. Lorsque les messages d’alertes des pharmacies ont afflué vers le laboratoire fabricant pour signaler le collyre antibactérien manquant, l’industriel a envoyé immédiatement le médicament par avion.“Cet outil ne changera rien aux ruptures“ de stocks, reconnaît Mme Adenot, mais elle insiste sur le fait qu’en anticipant les ruptures d’approvisionnement, les pharmacies seront mieux à même de les résoudre.Des ruptures d’approvisionnement de plus en plus fréquentesLes ruptures d’approvisionnement, qui affectent aussi bien les pharmacies que les hôpitaux, sont devenues “un enjeu de santé publique“, estiment les pharmaciens. La France a connu dix fois plus de ruptures d’approvisionnement de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) – c’est-à-dire ceux pour lesquels une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital ou représente une perte de chance importante pour les patients – en 2014 qu’en 2008.La durée moyenne de ces ruptures était de 94 jours, tous médicaments confondus, en 2013. Chaque jour, 5% des médicaments sont en rupture. Aucun décès n’est pour le moment à déplorer en raison des pénuries. Certains patients peuvent se voir proposer des médicaments alternatifs, certes indiqués pour leur maladie, mais avec plus d’effets indésirables. Des causes de pénuries multiplesLes causes de ces pénuries sont multiples – problèmes de production, d’approvisionnement en matières premières, capacités industrielles, etc…- dans un secteur concentré et mondialisé. 60 à 80% des matières actives des médicaments sont fabriquées hors de Union européenne contre 20% il y a 30 ans. Et certaines matières premières ont aujourd’hui un site unique de production, selon l’Ordre des pharmaciens. AFP/RelaxnewsSource : Ordre des pharmaciensClick Here: kanken kids cheap