Un changement de statut social au prix de cicatrices, voire de séquelles à vie… En Sierra Leone, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, les rites d’initiation, pratiqués par les sociétés secrètes, ont repris de plus belle depuis la fin de l’année scolaire, il y a quelques semaines. Rites mis un temps en sommeil à la suite de décisions gouvernementales.
“Je veux qu’aucune de mes filles ne subisse de mutilations génitales, qui laissent des séquelles à vie”, explique Mabinty Bangura, excisée il y a 20 ans et dont les douleurs “ne semblent jamais devoir finir”. “Une femme vous entrave la bouche, une autre vous retient par la poitrine et deux autres par les jambes. Puis l’exciseuse vous écarte les jambes, retire le clitoris en entier et vous applique un tissu imprégné d’herbes médicinales”, se souvient-elle.Dans les régions de Tonkolili et de Port Loko (nord), un nouveau type de rituel a vu le jour, sans excision, à l’initiative d’une coopérante suisse, Michèle Moreau, première Européenne à rejoindre la société Bondo en 2010, sous le nom de Shema Roko. Elle a été initiée en même temps que 92 jeunes Sierra-Léonaises. Lesquelles, pour la première fois lors d’une cérémonie Bondo, n’ont pas subi de mutilation génitale.“Vingt-cinq ‘Soweis’ (exciseuses) ont promis, devant tous les chefs, d’arrêter les excisions. Elles ont remplacé leurs foulards rouges par des jaunes”, créant le ‘Yellow Bondo’ (Bondo jaune)“, explique Michèle Moreau, dont l’association prend en charge la scolarité et la santé des jeunes filles contre la promesse qu’elles ne soient jamais excisées. Depuis, quelque 700 jeunes filles ont été initiées à Tonkolili sans subir d’excision, selon elle. Mais pour Sento Kamara, membre de la société Bondo, ces nouvelles initiations “ne respectent pas la femme”. “Je souhaite que l’excision continue, mais avec le consentement des jeunes filles, parce que cela fait partie de notre culture et de notre tradition”.”Loin d’être gagné”…En 2014, un groupe sierra-léonais, qui s’intitule “AWA-FC”, “African Women Are Free to Choose – Female Circumcision” (“Les femmes africaines libres de choisir – circoncision féminine”), a publié sur internet une “lettre ouverte” à Ernest Bai Koroma, alors chef de l’Etat. “La circoncision féminine”, autre nom pour les mutilations génitales féminines (MGF), “est partie intégrante de l’initiation des femmes dans les associations traditionnelles de femmes connues dans le pays sous le nom de Bondo ou Sande”, y affirmait AWA-FC. Le groupe ajoutait : “La circoncision féminine est pratiquée parallèlement à la circoncision masculine traditionnelle”. Selon ce groupe, le terme de “mutilation” est “ethnocentrique, raciste et sexiste”. Et de poursuivre : “La plupart des femmes sierra-léonaises ayant subi ces chirurgies traditionnelles les considèrent comme des améliorations esthétiques et hygiéniques”. Comme l’expliquait La Croix en 2017, “le combat contre les mutilations génitales est loin d’être gagné”…90% des filles subissent des mutilations génitales en Sierra Leone et le pays a l’un des plus forts taux de MGF en Afrique, rappelle Reuters.Click Here: collingwood magpies 2019 training guernsey