Comment est née l’idée de l’album ?
“Au départ, je pensais faire une BD historique. En prenant le parti de me placer du point de vue des esclaves malgaches, sans porter de jugement. Je voulais rester avec eux dans la cale du navire, rester avec eux sur l’île.Pour autant, j’avais très peur de faire un album exotique et d’aborder les choses avec un regard occidental. De plus, je connaissais très peu la culture malgache. J’ai donc beaucoup lu. Et en 2010, j’ai voyagé à Madagascar pendant un mois. Il s’agissait pour moi de capter l’atmosphère du pays et le vécu des habitants. De rencontrer des gens, de côtoyer leur vie quotidienne, de parler avec eux de leur rapport à la mort. Je voulais aussi étudier leurs gestes, leurs attitudes.D’une manière générale, l’artiste doit accumuler énormément de matière avant de faire ressortir quelque chose. C’est nécessaire pour replonger dans l’époque.”Pourquoi vous êtes-vous mis en scène dans votre album ?
“Les fouilles ont permis d’atteindre ce qu’on appelle le “sol d’occupation” sur lequel vivaient les naufragés. On le reconnaît grâce à sa couleur grise liée aux cendres des foyers des naufragés. On y retrouve aussi beaucoup de squelettes d’oiseaux. La découverte de la cuisine a été un moment très fort. Tout était rangé. D’un côté, il y avait de gros plats posés les uns sur les autres. Même chose pour les cuillères et les hameçons, triés selon la taille. Le temps s’était arrêté sur l’île. C’était comme si on avait posé un scellé sur une scène du XVIIIe siècle et qu’on le rouvrait !”Quand la fiction prend-elle le relais des archives ?