Dans son roman Un bonheur que je ne souhaite à personne (éd.Flammarion), le comédien raconte le chemin d’une mère à la rencontre de son fils autiste. Une histoire qui est aussi la sienne et celle de sa petite fille Angia, 7 ans. Il s’en est ouvert à Gala.
Samuel Le Bihan a l’image d’un chic type qui ne s’est jamais pris pour ce qu’il n’était pas. Mais en parcourant les 247 pages de son premier roman Un bonheur que je ne souhaite à personne, préfacé par Jean-Christophe Rufin, une émotion, une vérité d’homme nous a cueillis. Le comédien est en effet le papa d’Angia, qui va avoir 7 ans. Cette petite fille est autiste. Il en a parlé pour une première fois chez Michel Drucker, début septembre. A Gala, il explicite « Je n’étais pas du tout prêt à ça. Absolument pas. J’ai le sentiment que les mères sont tout de suite beaucoup plus combatives, et les pères plus fatalistes. Mais ce qui est dingue – et c’est aussi la raison du titre de mon livre –, c’est de voir à quel point le handicap fait ressortir ce qu’il y a de plus beau en toi. Parce qu’il faut être présent, il faut agir, réagir, et tu ne le fais pas pour toi mais pour quelqu’un d’autre ». Entretien juste, émouvant… et percutant.
Gala : Est-ce que, comme dans le roman, vous avez commencé par croire votre enfant précoce ?
Samuel Le Bihan : Oui. Elle chopait des mots assez rapidement, alors on se disait qu’elle était plus éveillée, que tout irait plus vite, et puis ces moments-là ont disparu et la rencontre ne s’est jamais vraiment faite. Enfin, elle se fera, mais beaucoup plus tard, il a fallu percer sa bulle, aller la chercher pour la ramener dans notre monde. J’ai la sensation physique d’avoir fait ça avec ma fille. Comme sa mère l’avait fait quand elle était toute petite, murée dans son univers jusqu’à parfois se taper la tête contre les murs en souriant presque. C’est très douloureux de voir ça, très perturbant.
Gala : Pourquoi ne jamais avoir partagé votre expérience jusque-là ?
Samuel Le Bihan. : Pour la simple raison que je me méfie de l’empathie. Je n’ai pas du tout envie qu’on me plaigne ou que le regard sur moi change du fait de vivre ça. Mais j’ai pris la décision de m’engager. Avec Florent Chapel qui a écrit Autisme, la grande enquête (éd. Les Arènes), je suis en train de créer Autisme Info Service, une plateforme d’écoute et d’information destinée aux parents et aux accompagnants, parce que ce genre d’aide manque cruellement.
Gala : Avez-vous eu la tentation de fuir ou de vous éloigner, quand vous avez découvert la maladie de votre fille, comme le fait d’ailleurs le père dans votre roman ?
Samuel Le Bihan : Non. Mais j’ai rencontré des parents pour lesquels ç’a été très violent. D’ailleurs, quatre-vingt-dix pour cent des couples se séparent à ce moment-là. La maman d’Angia et moi aussi nous nous sommes séparés, mais pas pour cette raison.
Gala : Deux mots reviennent quand on parle d’autisme : accablement et culpabilité…
Samuel Le Bihan : Je ne me suis jamais senti accablé. Mais triste, oui. Triste pour elle. Quand je vois ma fille désireuse de jouer avec des enfants qui, eux, ne veulent pas. C’est le cas pour des enfants non handicapés me direz-vous, sauf que pour elle, c’est un peu plus souvent et le refus est parfois plus violent. Quant à la culpabilité, tu l’as. Parce que tu as mis au monde quelqu’un qui, si tu n’es plus là, risque d’être très malheureux. C’est pourquoi avec ma fille, je m’efforce vraiment de travailler à ce qu’elle se sente bien dans sa peau, à ce qu’elle soit de plus en plus autonome. Grâce aux méthodes comportementalistes, elle a énormément progressé. Elle va en classe normale de CE1 accompagnée d’un AVS (auxiliaire de vie scolaire, ndlr), elle ne s’automutile pas, elle parle à sa façon mais elle communique, elle va vers l’autre, elle cherche les sensations, les câlins…
Retrouvez l’intégralité de notre entretien avec Samuel Le Bihan dans le magazine Gala, en kiosque ce mercredi 31 octobre.
Crédits photos : Bestimage
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